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Déclaration d'artiste

«Il y a d’abord les utopies [qui] sont les emplacements sans lieu réel. […] L'hétérotopie 

[, quant à elle,] a le pouvoir de juxtaposer en un seul lieu réel plusieurs

espaces, plusieurs emplacements qui sont en eux-mêmes incompatibles.

FOUCAULT, M. (1984). « Des espaces autres ». Architecture, Mouvement, Continuité, n°5, pp. 46-49.

À travers ma pratique, j’évoque et je réinvente le paysage en recombinant des objets appartenant au quotidien. En réassemblant ces objets variés, je m’efforce de transporter le regardeur dans un monde alternatif synthétique où les matériaux servent à la fois de moyen d’évasion et d’encrage à la réalité. Lorsque Foucault parle de ces espaces autres, capables de rassembler en eux-mêmes divers temps et espaces en un seul, il articule ce phénomène étrange que l’on expérimente dans les autobus voyageurs, les cinémas et, j’ajouterais, les expositions. Une hétérotopie est un rapport à l’espace distorsionné, un lieu qui nous transporte ailleurs alors que nous n’avons pas voyagé. Ce phénomène, sur lequel je réfléchissais en élaborant mon projet, m’interpelle parce qu’il remet en question notre rapport à l’espace, à l’échelle et au temps. En créant des univers immersifs, je m’intéresse à la relation entre l’homme et son milieu. Je me demande s’il ne faudrait pas concevoir l’homme comme fondamentalement lié à et influencé par son environnement physique et social. Ce questionnement se traduit dans ma pratique par l’attention que je porte à l’installation de mes œuvres en les inscrivant dans les spécificités de l’espace d’exposition. Ainsi, fissures, fenêtres et tuyaux constituent le milieu d’où prend racine mon univers miniature. En travaillant à cette échelle, j’invite ceux qui le veulent bien à se projeter dans mes paysages, à entrer dans cet état d’esprit méditatif et intime qui est à l’origine de l’œuvre. J’utilise la sculpture comme méthode de recherche pour son accessibilité, mais aussi et surtout pour le contact physique avec les matériaux qui traduit déjà mon rapport à l’espace. De même manière, je choisi de travailler avec des matériaux ou des techniques imprévisibles qui, grâce aux découvertes que je fais, font évoluer ma pratique. En somme, mes créations me permettent de traduire, par le contact immédiat avec les matériaux qui m’entourent, ma propre relation à l’espace.

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